🪶 « Demander de l’aide ce n’est pas abandonner, c’est refuser d’abandonner »
- Sarah Julliot de La Morandière
- 10 juin
- 3 min de lecture
Demander de l’aide, ce n’est pas abandonner, c’est refuser d’abandonner. Cette phrase, je l’ai vécue de l’intérieur à de nombreuses étapes de mon parcours, aussi bien personnel que professionnel. Pendant longtemps, j’ai cru, comme beaucoup, que demander de l’aide était un aveu de faiblesse, ou la preuve que je n’étais pas assez forte, pas assez compétente, pas assez « capable ». J’ai grandi dans la croyance où l’autonomie et la débrouillardise étaient valorisées : il fallait se montrer solide, tenir bon, ne pas déranger les autres avec ses difficultés. Mais à force de vouloir tout porter seule, j’ai ressenti la fatigue, l’isolement, et parfois même un sentiment d’épuisement intérieur.
La première fois où j’ai vraiment osé demander de l’aide, ce fut presque à contrecœur, poussée par l’épuisement. J’ai tendu la main à une amie en lui avouant que je n’y arrivais plus toute seule. À ma grande surprise, non seulement elle ne m’a pas jugée, mais elle a accueilli ma demande avec gratitude et bienveillance. J’ai compris alors qu’en lui demandant de l’aide, je lui faisais un cadeau : je lui accordais ma confiance, je la plaçais dans un rôle d’aidante, et je lui donnais l’opportunité de se sentir utile et valorisée. Cette expérience a transformé ma vision : demander de l’aide, c’est aussi permettre à l’autre de donner le meilleur de lui-même.
Dans mon métier de coach en bien-être mental, j’ai vu ce même mécanisme à l’œuvre chez de nombreuses personnes. Beaucoup de personnes arrivent en séance avec la conviction qu’elles devraient tout gérer seules. Lorsqu’elles acceptent enfin de demander du soutien, elles découvrent non seulement un soulagement, mais aussi une nouvelle qualité de lien avec leur entourage. Demander de l’aide, c’est rendre visible le fait que l’on respecte ses limites, que l’on écoute ses besoins, que l’on se respecte profondément. C’est montrer, par l’exemple, que la vulnérabilité n’est pas une faiblesse, mais une force : elle ouvre la porte à l’authenticité, à la solidarité, à la confiance mutuelle.
J’ai accompagné des personnes qui, en osant demander de l’aide à leur famille ou à leurs collègues, ont vu leurs relations se transformer. Là où il y avait de la distance ou de l’incompréhension, il y a eu soudain du partage, de la complicité, parfois même de la réciprocité. J’ai vu des équipes se souder, des familles se rapprocher, des amitiés se renforcer simplement parce qu’une personne avait eu le courage de dire : « J’ai besoin de toi. »
Demander de l’aide, c’est aussi donner l’exemple autour de soi. Je me souviens d’une collègue qui, après m’avoir vue solliciter un soutien lors d’un projet difficile, est venue me remercier. Elle m’a confié que cela l’avait encouragée à faire de même, et qu’elle avait ressenti un immense soulagement de ne plus porter seule son fardeau. En osant demander, j’ai montré que le respect de soi passe aussi par l’écoute de ses besoins, et que la vraie force réside dans la capacité à reconnaître qu’on ne peut pas tout faire seule.
Aujourd’hui, je vois la demande d’aide comme un acte de maturité, de respect de soi et de confiance en l’autre. C’est refuser de s’abandonner soi-même, refuser de renoncer à ses besoins, à ses rêves, à sa santé mentale. C’est un choix de vie, une posture qui dit : « Je me respecte assez pour reconnaître mes limites, et je te fais confiance pour m’accompagner un bout de chemin. » C’est aussi un cadeau fait à l’autre, qui peut se sentir valorisé, utile, et inspiré à son tour à demander de l’aide quand il en aura besoin.
Demander de l’aide, ce n’est pas baisser les bras. C’est continuer à avancer, mais autrement, avec le soutien dont on a besoin. C’est incarner le respect de soi, inspirer les autres, et tisser des liens plus vrais, plus profonds, plus humains. Au fond, c’est choisir la vie, la confiance et la force du collectif.
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