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Une vie de silence ...

  • Photo du rédacteur: Sarah Julliot de La Morandière
    Sarah Julliot de La Morandière
  • il y a 1 jour
  • 2 min de lecture

Qu'est-ce qu'une vie où je n'ose pas parler à mon entourage de ce que je vis, de ce que je vois en rêve ou en état second, de ce que je sens par mes autres sens que mes 5 sens, de ce que je perçois clairement et pourtant sans son ni image ?


Une vie de silence, peut-être. Une vie où le poids des non-dits et des questions enfouies devient parfois plus lourd que celui des expériences elles-mêmes. Une vie où, à force de taire ce qui te traverse, tu te sens comme une étrangère au milieu de ceux qui te sont les plus proches.


C’est une vie où chaque matin, tu te réveilles avec des souvenirs flous de rêves qui ressemblent plus à des messages qu’à des fragments de ton inconscient. Mais qui écouterait si tu disais : « Cette nuit, j’ai vu une rivière, et je sais qu’elle signifie quelque chose » ?


C’est une vie où, dans la rue, tu ressens la tristesse d’un inconnu sans qu’il n’ait à parler, où tu captes une émotion flottante dans l’air, mais où tu te dis que personne ne comprendrait si tu osais dire : « J’ai ressenti ta peur, même si tu ne l’as pas exprimée. »


C’est une vie de doutes constants. Est-ce réel ? Est-ce ton imagination ? Pourquoi toi, et pas eux ? Ce que tu ressens, vois ou devines semble si évident, mais sans preuve matérielle, à quoi bon en parler ? Alors tu fais semblant. Tu dis : « Je vais bien. Tout est normal. » Alors que rien, en toi, ne l’est vraiment.


Dans une vie comme celle-là, les mots manquent. Comment expliquer une certitude qui n’a ni forme ni logique apparente ? Comment traduire une intuition qui surgit comme un éclair mais qui ne laisse aucune trace visible ? Ce que tu perçois, c’est comme une langue que tu es seule à comprendre, et l’idée même de la traduire te semble impossible.


C’est une vie où la solitude n’est pas seulement physique, mais intérieure. Ce n’est pas que les autres ne t’aiment pas ou ne veulent pas te comprendre. C’est qu’ils ne peuvent pas, parce que ce que tu vis défie leurs repères. Tu les regardes rire, parler de choses légères, pendant que toi, tu portes ce secret qui te rend si différente.


Mais c’est aussi une vie où tu développes une sensibilité unique. Une vie où tu observes des connexions subtiles dans le monde, des liens que d’autres ne voient pas. Où tu ressens la beauté ou l’intensité de choses invisibles à l’œil nu. Une vie où tu captes des murmures d’un autre niveau de réalité, même si cela te laisse parfois démunie.


Et pourtant, tu restes là, oscillant entre deux mondes : celui que tu partages avec les autres et celui, bien plus vaste, que tu gardes pour toi. Tu apprends à contenir l’infini dans un espace limité.



Alors, qu’est-ce qu’une telle vie ? Peut-être une quête inachevée. Une recherche constante de sens, de mots pour décrire l’indescriptible, et peut-être, un jour, une voie pour transformer ce silence en langage. En attendant, c’est une vie où tu es l’unique gardienne de ces vérités invisibles, et c’est à la fois un fardeau et un privilège.

 
 
 

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