🪶 Cœur ou cerveau ?
- Sarah Julliot de La Morandière
- 18 juin
- 3 min de lecture
Depuis toujours, je me suis posé cette question : dois-je écouter ma tête ou mon cœur ? Cela semble être un vieux duel, comme s’ils étaient en opposition. Et pourtant, à mesure que j’avance dans ma vie, j’en viens à croire qu’ils ne sont pas des ennemis à départager, mais des alliés à réconcilier.
On nous a souvent appris que notre cerveau commande tout. Qu’il est le siège de l’intelligence, de la mémoire, des émotions, des décisions. Mais ce que j’ai découvert bouleverse cette vision. Et si le cœur, au-delà de son rôle de pompe, possédait lui aussi une intelligence ? Une forme de conscience ? Une sagesse ?
Je ne nie pas l’extraordinaire pouvoir de mon cerveau. Il me permet d’apprendre, d’analyser, de raisonner. Grâce aux recherches du neurobiologiste Paul MacLean, j’ai compris qu’il est composé de trois couches principales : le néocortex (pensée), le cerveau limbique (émotions) et le cerveau reptilien (instinct de survie). Ces trois niveaux dialoguent entre eux et influencent en permanence ma manière d’interagir avec le monde.
J’ai aussi appris, avec émerveillement, que mon cerveau peut évoluer tout au long de ma vie grâce à la neuroplasticité. Il peut créer de nouveaux neurones, tisser de nouvelles connexions, se transformer en fonction de mes expériences. Cela m’a redonné un immense espoir : je ne suis jamais figée. Je peux toujours apprendre, changer, m’adapter.
Mais malgré cela, il y a des moments où mon mental sature. Où la logique ne suffit plus. Où mes pensées tournent en boucle sans m’apporter de vraie clarté. Et c’est là que mon cœur entre en scène.
Il m’a fallu du temps pour me rendre compte que mon cœur savait des choses que ma tête ignorait. Que certaines décisions les plus justes que j’ai prises ne venaient pas d’un raisonnement long et complexe, mais d’un ressenti immédiat. Une évidence, une intuition.
Quand j’ai découvert que le cœur possède ses propres neurones – plus de 40 000 – capables de mémoriser, ressentir, apprendre, j’ai été bouleversée. Le cœur a son propre "cerveau", et il n’est pas un simple exécutant. Il envoie bien plus de signaux au cerveau que l’inverse. C’est un véritable centre d’intelligence émotionnelle.
Et surtout, quand je ressens des émotions positives comme l’amour, la gratitude ou la compassion, mon cœur entre en "cohérence", et cette cohérence influence tout mon être. Elle apaise mon mental, améliore ma concentration, me donne une sensation d’unité. À l’inverse, quand je suis en colère ou envahie par le stress, mon rythme cardiaque devient chaotique, et cela brouille littéralement mes fonctions cérébrales. C’est comme si tout en moi perdait son alignement.
Ce que je retiens aujourd’hui, c’est que mon cœur et mon cerveau ne doivent pas lutter pour le pouvoir. Ils doivent apprendre à dialoguer. La véritable clarté naît de leur alliance. Quand ma tête pose une intention et que mon cœur vibre une émotion alignée avec elle, je ressens une force tranquille. Je me sens centrée, guidée de l’intérieur.
Ce lien cœur-cerveau, certains chercheurs comme ceux de l’Institut HeartMath l’appellent la cohérence cérébro-cardiaque. Et c’est exactement ce que je cherche à cultiver au quotidien. Cela ne veut pas dire fuir les émotions négatives, mais apprendre à les accueillir, les traverser, sans m’y perdre. Cela veut dire respirer avec mon cœur, ramener de la paix en moi pour éclairer mes pensées.
Je crois que le cœur ne se trompe jamais. Il ne me parle pas toujours avec des mots, mais avec une sensation de justesse, de paix intérieure. Quand je l’écoute vraiment, je fais des choix plus alignés, plus humains, plus vrais.
Je ne veux plus vivre uniquement "dans ma tête". Je veux vivre avec tout mon être, en laissant mon cœur ouvert, même après les blessures. C’est lui qui me rend résiliente, capable d’aimer encore, d’espérer encore.
Aujourd’hui, je choisis de ne plus opposer mon cœur à mon cerveau. Je choisis de les synchroniser, d’unir leur force. Car c’est dans cette union que je trouve ma clarté, ma puissance, ma vérité.
Et vous ?
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